Rien ne le prédestinait à devenir cuisinier. Arrivé en France à l’âge de 16 ans en 2018, le jeune Guinéen Thierno Ousmane Bah a intégré le centre de formation d’Épices à la Fonderie à Mulhouse. Depuis, il a rejoint les cuisines du restaurant gastronomique l’Auberge de l’Ill à Illhauesern.
Thierno Ousmane Bah est arrivé en France en novembre 2018. Originaire de Guinée, le jeune homme, aujourd’hui âgé de 21 ans, est dès lors pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance et intègre un foyer mulhousien avant d’être placé en famille d’accueil à Hunawihr. « J’ai tout de suite voulu aller à l’école, pour apprendre. Mais c’était compliqué. Alors on m’a suggéré d’aller chez Épices. Je ne savais même pas le nom des légumes et le métier ne m’attirait pas particulièrement. En plus, je n’aimais pas la cuisine française », se souvient le jeune homme.
Et puis doucement, il apprend les gestes, à apprécier le dressage des mets sur les plats pour finir par trouver « les goûts et saveurs intéressants ».
« On ne fait pas ce métier pour s’en sortir, il faut l’aimer »
« Je suis quelqu’un de dynamique, j’aime ce qui bouge », observe-t-il aujourd’hui. Ce qui n’a sans doute pas échappé à sa bienfaitrice Isabelle Haeberlin. Voyant le potentiel du jeune homme, elle l’encourage à intégrer le centre de formation d’Épices à la Fonderie. « J’ai ensuite réalisé mon apprentissage aux Trois Châteaux, à Ribeauvillé. À l’époque, habitant à Hunawihr, je marchais chaque jour matin, midi et soir pour aller au restaurant. » Face au courage, aux capacités et à la détermination du jeune homme, les époux Haeberlin décident de lui faire confiance et lui offrent l’opportunité de rejoindre l’Auberge de l’Ill, à Illhaeusern. « Mon chef, à Ribeauvillé, a été très gentil. Il m’a libéré pour que je puisse vivre cette nouvelle aventure. Ça n’a pas été simple. Je suis passé de la cuisine traditionnelle à de la haute gastronomie. Ça fait maintenant deux ans et demi et je m’en suis sorti, à force de travail. Et aussi grâce à Madame Isabelle, qui s’est démenée pour moi. Par contre, on ne fait pas ce métier pour s’en sortir, il faut l’aimer, il faut être passionné. »
Un titre de séjour à renouveler chaque année
Seule ombre qui persiste au tableau de Thierno Ousmane, qui rêve de développer un jour l’attrait de la cuisine africaine : sa situation administrative. « Mon titre de séjour est renouvelé depuis deux ans d’une année à chaque fois. C’est compliqué pour se projeter. En février, je ferai ma troisième demande de renouvellement, on verra bien. De toute manière, je garde le sourire et du courage pour atteindre mon rêve et mes objectifs. S’il y a cinq ans, on m’avait dit que je travaillerais un jour dans un grand restaurant, je n’aurais même pas pu l’imaginer. Alors même si mon parcours pour en arriver là a été très difficile, je me dis que j’ai eu beaucoup de chance. D’autres n’en ont pas autant. »